LIFE STYLE
Propos recueillis par Capucine Berr
Image MCAS Bureau
Marguerite Chaillou et Alexandre Sade sont les co-fondateurs de MCAS Bureau. Respectivement formés à Penninghen puis HEC et auprès d’Ali Madhavi et d’Antinomy (Amsterdam), ils ont fondé un studio digital spécialisé dans la production de contenus au carrefour des arts (photo, 3D, motion design) et de l’Intelligence Artificielle. Une synergie qui décuple les perspectives de création, mais où l’humain reste maître de son travail.
Comment peut-on définir ce nouveau métier qui est le vôtre ?
Marguerite : Nous sommes des créateurs d’images, on fait du mix medias. Cela signifie que nous sommes des directeurs artistiques et photographes de mode et que l’Intelligence Artificielle est simplement un nouvel outil qui intervient durant notre processus créatif.
Comment se singulariser et répondre à des commandes sur-mesure avec l’IA ?
Alexandre : Tout d’abord, l’important, c’est la démarche et les différentes étapes de création. Il n’est jamais question d’une livraison d’image 100 % Intelligence Artificielle à la façon des outils comme MidJourney. Nous utilisons des éléments de la réalité et le fruit de notre travail, un shooting, une illustration ou des produits en 3D, auxquels l’IA va pouvoir offrir par exemple un décor, un écrin, une mise en situation, une perspective…
Ensuite, il était primordial pour nous, par souci de sur-mesure et de qualité, de précision et de droits d’auteur, d’éthique en somme, de ne pas utiliser des applis classiques. Nous avons donc développé notre propre outil, avec des plugins, scripts, databases de nos photographies et donc des données propres dont le sourcing est indiscutable.
Marguerite : Cette démarche technologique nous permet de ciseler projet après projet notre propre identité et de contrôler l’esthétique de nos rendus. Chaque projet se nourrit de nos précédents travaux et optimise l’expérience grâce au reinforcement learning qui enrichit notre algorithme propre et notre ADN créatif. Tout est contrôlé, on ne subit pas l’outil et on reste aux commandes.
Comment envisagez-vous l’avenir de l’IA ?
Alexandre : Cela sera tout simplement un outil comme un autre, qui nous permettra de plus en plus d’éviter toutes les frictions qui accompagnent les processus auxquels nous sommes déjà familiers. Cela nous donne une liberté incomparable, et beaucoup plus de temps pour travailler sur les choses essentielles.
Nous pensons que l’IA sera une révolution (si elle ne l’est pas déjà) dans les milieux créatifs, et que par conséquent, il nous incombe à nous, ainsi qu’à toute une nouvelle génération d’artistes, la responsabilité de promouvoir son utilisation de manière responsable, notamment sur le sujet du droit à l’image et de la provenance des données. Ce qui est vraiment important aujourd’hui, c’est d’éduquer autour de l’IA, de ses extraordinaires possibilités mais aussi de son éthique. Le plus important dans la création de l’image c’est la démarche et le concept. L’IA n’est qu’un outil parmi d’autres, mais c’est un outil incroyable, évidemment….
@mcas_bureau
@mad.mag.type
Marguerite Chaillou, Paris Typographie, édité par Les Arènes