Texte : Carine Chenaux

 

Le jeune songwriter frenchie au pseudo hors d’âge s’est construit diverses vies artistiques dans plusieurs villes du monde. Mais ce sont finalement ses expressives ballades post-pop mâtinées de sonorités actuelles qui lui ont valu l’adoubement général. Avant la sortie de son nouvel album, il renoue pour nous avec son passé de mannequin, dans un décor éclectique et atemporel qui lui va bien. 

Texte : Carine Chenaux Son alias est né de l’addition des prénoms de ses grands-parents paternels, chez qui, enfant, il a passé des moments insouciants en plein cœur de la France et qui surtout, l’ont toujours encouragé et compris. Son amour de la musique quant à lui ? Il le doit peut-être un peu à son père, qui lui a transmis sa Fender 70’s, et puis aussi à son « autre famille », norvégienne, qui autrefois il s’en souvient, se livrait souvent sous ses yeux à des merveilles de lives authentiques et chaleureux. L’adolescence pour Aime Simone, n’a pourtant pas été un passage facile et c’est inexorablement, qu’il a percuté à grande vitesse tous les pires écueils que la période donne à redouter.

Pourtant, quelques rencontres magiques lui auront permis de comprendre peu à peu, ce que sa singularité avec de précieux. Avec Pete Doherty d’abord, dont il admirait le groupe d’alors, Les Libertines. Celui-là, rencontré par la magie d’un concert où le jeune musicien aura bravé sa retenue naturelle, décèlera son talent, officiera à ses côtés comme un mentor et lui permettra d’assurer pour lui d’inoubliables premières parties. Hedi Slimane aussi, à son époque Saint Laurent, le repérera vite et lui offrira l’opportunité de défiler et de participer à des campagnes pour la prestigieuse maison, dont il assurait alors la direction artistique. The Passenger Une parenthèse qui bien sûr amènera également Aime à voyager et lui donnera l’envie de s’installer un temps à Los Angeles, avant qu’il ne migre à Vienne puis à Berlin, la ville qui, de loin, lui conviendra le mieux.

Là, porté par l’énergie de la mégalopole allemande, il n’aura de cesse d’écouter et d’expérimenter de nouveaux sons, influencé indifféremment par la soul, le rap, la trap ou l’électro. De quoi lui donner matière à création via sa jeune structure No Start No End, mais aussi une belle crédibilité sur la scène techno locale. Les guitares n’ayant jamais vraiment quitté son univers musical – au point de s’imposer dans certains de ses morceaux pourtant résolument club -, il s’attelle bientôt à son premier album, Say Yes, Say No, série de ballades à la croisée des chemins, portées par une voix que ne renieraient pas les grands de la folk et parfaite synthèse de toutes ses expériences musicales passées.

Le succès ne tarde pas et si l’Ukraine, qui le connaissait via sa scène DJ, voit en son In This Dark Time, un vrai élan d’espoir, la France se laisse vite emporter par le single Shining Light. Une synchro plus tard, conclue avec – ça ne s’invente pas – une grande enseigne qui accompagne ses clients dans l’agencement de leur univers personnel, voilà Aime Simone plus mainstream qu’il ne l’aurait jamais cru possible. Mais cela ne dérange pas l’artiste, désormais revenu à Paris, heureux de s’adresser au plus grand nombre avec des chansons simples, efficaces et vraies, qui malgré des arrangements complexes, sont assez solides pour se suffire quand il le faut, en simple mode « guitare-voix ».

Lauréat en 2021 du Prix Chorus, après des prédécesseurs de taille comme Christine & The Queens ou Feu! Chatterton, il rejoint bientôt l’écurie de l’iconique label Because. En vue, Oh Glory, un nouvel opus, au titre aussi évocateur qu’intelligemment ambivalent, qui paraîtra en mai prochain. Les trois titres déjà révélés, Baby don’t Quit, Answer the Nignt et Not What You Wanted, augurent déjà du meilleur, autant que l’esthétique qui entoure ce très attendu second projet. Le résultat d’un parcours parfois âpre mais toujours multiple et enrichissant, qui n’aura certainement pas été effectué en vain.

Album Oh Glory (Because). Sortie le 5 mai 2023.  Scène culte Dans une ambiance tout en clair-obscur, Aime Simone a été photographié à Paris même, au cœur des gigantesques espaces de la maison Lanzani. Née dans les années 30, cette entreprise familiale était à l’origine spécialisée dans la création et la rénovation de meubles de style, avant de commencer à louer des éléments de décor à des professionnels. Une activité parallèle qui est peu à peu devenue principale et a permis à l’entreprise de collaborer avec des cinéastes, des photographes, des scénographes ou des maisons de couture de renom. L’actuel maître des lieux, Gaetan, est désormais à la tête de plus de vingt-mille pièces datant du Moyen-Âge aux 80’s, parmi lesquelles une imposante collection d’animaux naturalisés www.gaetanlanzani.com